Par ce Signe tu le Reconnaîtras !
Ou le langage des mains(1)

Détails du haut des battants de la porte de l´ermitage St Antoine de L´Alcudia ( Valence / Espagne )

 


« Et ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques,
Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas,

la main d'association, afin que nous allassions, nous vers les païens, et eux vers les circoncis»

Epître de Paul aux Galates (Gal 2,9)



Le symbolisme s´adresse d´abord à notre intuition. Il se ressent même s´ il ne se comprend pas complètement. La raison entre en jeu après.
Il en va de même pour les « bizarreries » que l´on repère mais desquelles, souvent, on ne sait que faire, dans l´instant présent. Des détails nous choquent, mais pourquoi ? Alors que certains les entassent, d´autres les oublient…d´autres passent à côté sans rien voir.

Certains trouvent « hilarants » ces signes, ils n´ont rien compris et n´essayeront jamais. C´est la voie stérile qui ne mène à rien, sur laquelle on montre l´autre du doigt tout en voulant  le ridiculiser. Mais en agissant de la sorte ils oublient qu´ils utilisent un langage vieux comme le monde, toujours en usage, celui des mains, des signes.

 


L´Attouchement

 


Blason de la ville d´Alet-les-Bains (Aude)

Au Moyen-âge les diplômes n'existaient pas. Pour attester de sa qualification professionnelle auprès de ses employeurs, un ouvrier venu de loin, ne parlant pas forcément la langue locale, arrivant sur le chantier d'une cathédrale, devait disposer d'un langage universel pour prouver son appartenance à un corps de métier puis préciser son grade. Ce langage véhiculaire passait par des « signes, mots et attouchements »

Comme il fallait se garder d'employer des gens non qualifiés, ces signes de reconnaissance étaient jalousement gardés et uniquement communiqués par initiation à ceux qui méritaient d'être du métier.

 

Tant et si bien que d´après la légende, Hiram, constructeur du Temple de Salomon, préféra la mort plutôt que de les dévoiler.

Attouchements: Signes de reconnaissance que les maçons échangent, souvent lors d'une poignée de main, par une pression du pouce sur certaines parties de la main. Les attouchements changent et deviennent plus complexes selon les différents grades. On peut observer que ces signes de reconnaissance sont utilisés traditionnellement depuis la plus haute Antiquité.
Pour les Grecs, comme pour les Egyptiens et les Celtes, chaque doigt était attribué à un dieu, car les doigts expriment toujours une activité et une énergie. Ne sont actifs que les doigts ouverts, tendus ou rayonnants.

Extrait du "Dictionnaire Illustré de la Franc-Maçonnerie", Brodart & Taupin 2004

De la Maçonnerie Operating à la Franc-Maçonnerie Spéculative

Le Greco : Chevalier à la main sur la poitrine
Chevalier prêtant un jurement ( voir à ce propos :
Une Histoire de Fausse Signature )

 

La Franc-maçonnerie se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme une « association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de morale illustré par des symboles » ou comme un « ordre initiatique ». Elle fait référence aux Anciens Devoirs de la maçonnerie dite opérative formée par les corporations de bâtisseurs qui édifièrent, entre autres, les cathédrales.

 

Mais les précisions apportées par René Guenon sont aussi nécessaires comme logiques :


 « 
Cette dernière,  [la « Maçonnerie opérative »] en effet, était vraiment complète dans son ordre, possédant à la fois la théorie et la pratique correspondante, et sa désignation peut, sous ce rapport, être entendue comme une allusion aux « opérations » de l’« art sacré », dont la construction selon les règles traditionnelles était une des applications. Quant à la « Maçonnerie spéculative », qui a d’ailleurs pris naissance à un moment où les corporations constructives étaient en pleine décadence, son nom indique assez clairement qu’elle est confinée dans la « spéculation » pure et simple, c’est-à-dire dans une théorie sans réalisation; assurément, ce serait se méprendre de la plus étrange façon que de regarder cela comme un « progrès ». »


Lire l´ensemble du
fragment du livre Etudes sur la franc-maçonnerie.



L´Importance des mains

Nous avons vu, le long des dix chapitres au sujet de Ceux Qui Luttent Avec Dieu, que la maçonnerie traditionnelle connaissait sur le bout des doigts le symbolisme universel. Nous y avons aussi parlé des Goliards ,«  qui pour se reconnaître entre eux, montraient la paume de leur main gauche, ou paume du côté tort » et du symbolisme de la main coupée ( voir ) qui expliquait, en partie, l´autoportrait de  NICOLAS POUSSIN.

Un autre exemple d´une société qui se reconnaissait par trois points pyramidaux dessinés sur la paume de la main c´est la Garuña, ( griffe ) organisation de « picaros » qui aurait donné de nos jours la Mafia ( les Deux Siciles étant territoire espagnol à cette époque )

Nous avons une main gauche coupée que sur l´un des battants de la porte de l´Ermitage Saint Antoine de L´Alcudia.

 

Ville associée par mariage aux Perillos, construite un 17 JANVIER 1252 !….par Pedro de Montagut . Nom qui rappelle les armoiries sur le Célestin V ( 5 chapitres ) aujourd´hui au Louvre( date de représentation 1294 ) ;  ou l´envoyé du duc de Buckingham dans le roman de Dumas ; ou encore le Vicomte de Montagu, Grand Maître de la Grande Loge d’Angleterre, qui nomina Henri Price, premier Grand Maître provincial d’Amérique du Nord. Cette loge se réunira  à la taverne «La Grappe de raisin» sur King Street, appellation qui suggère l´Automne de Poussin.

 

Pourtant Saint Antoine n´est pas le patron de la ville ! Mais saint ANDRE, proche de cet ermitage, à qui on dédie une belle cathédrale étonnante pour une si petite ville. La maison du maître charpentier existe encore, à 100 m de l´ermitage avec sa belle lanterne aux morts offerte aux promeneurs.

Sur cette main nous voyons un arabesque, une spirale : symbole du Nombre d´Or qui ne peut être dissocié de son inverse 681, mais aussi du Chemin des Jacques, qui émule la voie Lactée. Cette main représente quelqu´un qui manier bien la signature de la Nature, de la Création Divine : un architecte !

 

La plus ancienne loge et William de Saint Clair

 

La plus ancienne loge maçonnique connue, dont on puisse clairement établir qu'elle était structurellement distincte de la corporation locale de maçons opératifs (à laquelle elle restait cependant adossée), fut celle de Mary's C ée en 1599 sous l'autorité de William de Saint Clair *, à Édimbourg en Écosse[]. Comme elle, la plupart des toutes premières loges maçonniques distinctes des hapel, fonds corporations sont écossaises et créées sous le régime des Statuts Schaw. Elles sont jalouses de leur indépendance et pratiquent :


soit l'ancienne cérémonie d'admission datant des corporations et connue sous le nom de « Rite des Anciens Devoirs »

soit, à partir des années 1630 et en milieu presbytérien, un rituel d'initiation fort simple, connu sous le nom de « Rite du Mot de maçon ». Ce rituel comporte la transmission d'un « secret », à l'origine composée uniquement d'une poignée de main *** et de deux mots de passe****.


* Sinclair est le nom du clan écossais dont font partie les Rosslyn et les Caithness. Les loges écossaises, à partir de 1439, auront comme protecteurs héréditaires les seigneurs Saint-Clair de Rosslyn.

 

** L'expression « Mot de Maçon » ou Mason's Word  est sans doute calquée sur l'expression God's word, soit « Mot de Dieu »[]. C'est ainsi que les calvinistes d'Écosse désignaient leur Bible, le Sola Scriptura[] de Luther. En utilisant cette expression de « Mot de Dieu », les calvinistes entendaient revenir à un christianisme authentique, antérieur aux pratiques de l'Église catholique romaine, considérées par eux comme « idolâtres » et « gothiques », allusion à la construction des cathédrales en France et sur le reste du continent européen.


***
Poignée de main (origine de la "griffe") À l'origine, la poignée de main permettait d'affirmer que les interlocuteurs étaient venus sans arme qui aurait pu être cachée dans le poignet.


**** Deux comme les deux noms des colonnes du Temple de Salomon.

Qui fut ce Schaw ? William Schaw (1549/50-1602) était Maître des Travaux du roi Jacques VI d'Écosse. Il succéda en 1583 à sir Robert Drummond en tant « Surveillant général des maçons d'Écosse »[], devenant ainsi responsable de la construction, de la réparation et de l'entretien des palais royaux, des châteaux et de toute autre propriété du royaume d'Écosse.



 « Sub Rosa »

Fichier:James I of England by Daniel Mytens in 1621.jpg
Jacques Stuart  Ier D´Angleterre et d´Irlande, VI º d´Ecosse portrait peint par Daniel Mytens en 1621
Le roi pose sous la rose (des Tudor qu´il remplaça ?)
La mythologie grecque nous apprend qu´Aphrodite présenta une rose à son fils Eros, dieu de l´amour. La Rose devint alors le symbole du désir charnelle.

Eros l´offrit à Harpocrate, dieu du SILENCE pour l´induire à ne souffler mot sur les infidélités de sa mère. De cette manière la rose devenait synonyme de secret.
Au Moyen-Âge une rose fut jetée sur le toit de la chambre du conseil soumettant tous les présents au secret ou SUB ROSA, soit sous la Rose.

Cette fleur est connue comme Rose Tudor

 

Jacques VI d´Ecosse devient Jacques I d´Angleterre et d´Irlande, il était partisan convaincu de l'absolutisme de droit divin. Conviction qu´il transmit à son fils, le menant droit à la décapitation, bien avant le monarque français. Nous avons vu ceci refléter à travers la peinture de Poussin et l´étude de ses mécènes.( 13 chapitres )


Il est considéré comme un roi maçon. Au contraire qu´Elisabeth I, qui l´avait précédé, qui elle, ne pouvant être initiée par sa condition de femme, se
méfiait de toute assemblée de ses sujets sur l'activité desquelles elle n'était pas dûment informée. Elle tenta même de dissoudre la Communication annuelle des Maçons comme dangereuse pour son gouvernement et donc négligea l'Art pendant tout son règne.


Ce n´est pas le premier roi maçon, non biblique que nous rencontrons sur ce site, nous avons étudié Philippe II  qui se prenant pour 
Roi de Sion entreprit de gros travaux dans son règne, bien avant Jacques I de Grande-Bretagne. Concrètement : une capitale toute nouvelle et son palais, le Temple de Salomon !

Le roi Jacques, comme premier roi de Grande-Bretagne, restaura les Loges anglaises à image des écossaises. Il fut le premier prince du monde qui restaura l'Architecture romaine des ruines de l'ignorance gothique.

Ce premier Stuart sur le trône britannique pose pour ce portrait avec le collier de saint Georges et la jarretière sous le genou droit qui l´identifie comme «  chevalier compagnon » de cet ordre. Ce gros et long cordon avec ses énormes « pompons » rappelle, de manière plus symbolique, la Corde à Nœuds ou Houppe Dentelée. C´est elle, qui symboliquement, permet de fixer le temple, de le construire, de lui donner corps. Dans un certain sens, la corde à nœud était la représentation d'une structure, d'un principe supérieur créateur, qui lie le monde physique au monde spirituel. Ce symbole est corrélatif d'un autre symbole, celui de la Chaîne d'Union fraternelle qui unit symboliquement tous les Francs Maçons régulièrement initiés. Dans une synthèse, on peut alors dire que la corde à nœuds représente la Maçonnerie dans son unité : puisqu'elle représente chacun des maillons de la Chaîne d'Union fraternelle.

Donc ce cordon est bien représentatif du personnage ainsi figé par l´artiste. Les nœuds  de cette corde sont appelés lacs d’amours, celui de ce roi est placé sur son plexus solaire. Par ailleurs ce roi souffrait-il de « cordonnite » ? « Cette maladie imaginaire dont sont atteints les francs-maçons friands d'honneurs et de grades, qui collectionnent et s'affichent volontiers avec les cordons et autres décors correspondants. » Vanité humaine oblige ! Mais il n´est pas le seul à se dévoiler ainsi.

François Mitterrand dans son livre La Paille et le Grain :

« Dans toute ville, je me sens empereur ou architecte. Je tranche, je décide et j’arbitre. »

Suivre : Du Portrait à l´Autoportrait : Van Dyck et Ses Bergers d´Arcadie