LE COIN DE L´ENIGME
…JEAN et/ou MARIE MADELEINE…

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LES
SAINTES
TRAVESTIES

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« Une femme ne portera point un habillement d'homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme;

 car quiconque fait ces choses est en abomination à l'Éternel, ton Dieu. »
 Deutéronome XXII, 5

« Vous tous, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ :… il n’y a ni homme ni femme, car vous tous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » Épître aux Galates (III, 26-28).




Ce qui me frappa en étudiant les œuvres de cet élève de Léonard de Vinci,Giovanni Pietro Rizzoli dit il Giampietrino,
 c´est le parallèle qu´il soutient entre sainte Catherine d´Alexandrie et sainte Marie Madeleine.
Il n´y a que le baume ou la roue qui les identifie.


 

  
 
      
 

Il fait de même avec Catherine, lui donnant un aire de Jean le Baptiste.
Mais pourquoi ? Qui fut cette sainte d´Alexandrie.
L'étymologie grecque de ce prénom est katharos qui veut dire pur !


Du nom de Catherine d'Alexandrie, sainte légendaire, qui aurait été martyrisée le 25 novembre de l´ans 307. 
La Légende Dorée décrit Sainte Catherine, argumentant victorieusement contre cinquante philosophes, présidés par l’empereur Maximin.
 C´est ce qui lui a valu être la patronne des universitaires. Son père voulant la marier, lui chercha un bon parti.
 Elle refusa de se plier à la volonté paternelle, alléguant qu´elle était déjà marié avec Jésus ! Cette désobéissance la mena droit au martyre : la roue.
Elle ne changea pas d´avis alors son père lui trancha la gorge, exerçant ainsi le pouvoir de vie et mort sur sa descendance féminine, permis par la loi romaine en cours.

Le fait que cet artiste la dessine toujours nue et implorante comme notre Pénitente est assez parlant.
Le parallèle existant vient du fait d´être porteuse d´un certain savoir, que malheureusement on a fini par taire.
D´ailleurs sur la Cène du maître de Giampietrino, Léonard de Vinci, la main de Pierre « coupe » la gorge de Madeleine.

Patronne des filles à marier, mais aussi des théologiens, philosophes, orateurs, notaires, étudiants, charrons, meuniers, tourneurs,
cordiers, potiers, fileuses, rémouleurs, barbiers, plombiers, étainiers, drapiers, tailleurs, etc...


Les symboles liés à sainte Catherine sont la couronne, signe de sa royauté ; la roue, symbole du supplice, l´épée qui lui donna la mort et la palme du martyre.
Mais comme elle incarne la Sagesse du Savoir Traditionnel elle porte son livre avec elle, comme les Marie Madeleine Lisant très en vogue depuis
Weyden.

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La couleur jaune symbolise la Foi et le vert la connaissance. Giampietrino n´emploie pas ces couleurs mais le rouge comme pour ses Marie Madeleine.
Or cette dernière porte des habits jaunes et verts sur bon nombre d´œuvre d´art.

« Je suis la descendante de l’illustre roi Costos. On m’appelle Catherine.
J’ai étudié les langues, exploré toute la science des philosophes et des poètes. Mais j’ai compris : ce ne sont que vanités !
Alors j’ai suivi mon Seigneur Jésus-Christ. Je n’épouserai que mon Dieu ! »

(La passion de Sainte Catherine)

Il est clair que pour une femme voulant etudier les langues, exploré toute la science des philosophes et des poètes , elle devait se travestir…




Anthony van Dyck donne la place traditionnellement attribuée à Marie Madeleine à sainte Catherine de Sienne
LES SAINTES TRAVESTIES

La belle cathédrale de Sienne dédiée à Sainte Catherine abrite un joli tableau, celui de la Papesse Jeanne. Joahnnes Anglicus ou Jean l´Anglais, est  le nom que prit cette femme qui voulait étudier, bien sûr qu´à cette époque, au VII º siècle, ce domaine était seulement réservé aux hommes, comme aujourd´hui. Donc, comme vous avez bien compris, elle dut dissimuler son sexe sous un habit de moine.
Sa grande érudition la mena à discuter avec les docteurs, puis elle monta sur le trône de Pierre, comme Jean VIII. Elle remplit toutes les fonctions papales, dire la messe, administrer les sacrements, couronner les rois etc.…Mais un jour lors d´un voyage elle accoucha. Inutile d´expliquer la grande consternation qui suivit ! On tua l´enfant et la mère et on enterra vite fait le tout.


 

N´empêche que l´on prit des mesures pour éviter un future scandale. On fit s´asseoir les futures élus sur un trône au siège troué, qui laissait voir leurs attributs  masculins alors on déclarait :"Habet duos testiculos et bene pendantes !" "Il en a deux et qui pendent bien ! "il s´agit bien d´ un homme, donc il est digne de la couronne papale.( les eunuques n´ayant pas plus de droit, qu´une femme )

Bien sûr il s´agit d´une légende, bien que tout le monde ne soit pas d´accord sur ce point. Mais cette Jeanne fit courir beaucoup d´encre  durant les siècles suivants.
L'interdiction faite à la femme d'accéder au sacerdoce donc au trône pontifical est patente depuis le décret de Gratien au XIIe siècle, donc bien plus tard !
Cette légende démontre que bien que l´église craint la femme. Malgré qu´elle prêcha toujours son infériorité, elle l´éloigna des études, car au fond elle sait très bien que si elle se cultive, la femme peut arriver là où elle se propose.

J´ai bien souligné que comme Pape Jeanne administra les saints sacrements, et c´est une autre Jeanne qui me vient en tête : Sainte Jeanne d´Arc, la Pucelle d´Orléans qui a bien existé elle ! Accusée:
« de ne point faire de différence d’habit d’homme ou de femme pour recevoir son Sauveur » la communion. De son armure les juges dirent :


« En toutes lesdites choses, tu dis avoir bien fait et du commandement de Dieu. Quant à ses points, les clercs disent que tu blâmes Dieu et le méprises en ses sacrements ; tu transgresses la loi divine, la sainte Écriture et les ordonnances canoniques. »  C´est qui la rendit
« abominable aux yeux de Dieu »  comme prêche le Deutéronome XXII, 5.  qui interdit à toute femme de prendre habit d’homme, et les autorités de l’Église condamnent à partir du IVe siècle ces pratiques prônées par un grand nombre d’hérésies, liées au développement de la vie ascétique des femmes.
Une législation récusant le travestissement sous peine d’anathème se met en place vers 431 au concile de Gangres, et en 435 avec le Code Théodosien.

C´est Jeanne d´Arc qui popularisa Sainte Marguerite d´Antioche, patronne des femmes en couche qui fut l´une des ses voix avec sainte Catherine et saint Michel, Archange.

Sainte Marguerite d´Antioche dut aussi se travestir, son histoire est assez curieuse !
Marguerite, nous rapporte la Légende dorée, après avoir fui le mariage, s’être coupé les cheveux et déguisée en homme, sous le nom de Pelagius, elle entra au couvent, parmi les moines. Elle y vécut si saintement qu’elle fut nommée par l’abbé à la tête d’une communauté de vierges. Pelagius fut accusé d’avoir engrossé une des sœurs et fut chassé du couvent. Pelagius/ Marguerite devient ermite et passa la fin de sa vie dans une caverne. À la veille de sa mort, elle finit par dévoiler son sexe dans une lettre aux moines et aux religieuses, lesquels, après l’avoir reconnue femme et vierge, entrent en pénitence.

C´est par un signe de croix qu´elle vainquit le démon ! Comme notre saint Antoine le Grand.

Ce n´est pas la seule calomnie envers une sainte travestie , Marine et Eugénie seront aussi accusées de violation !

 




Bernardino Luini, élève de Vinci
  « Christ bénissant »


Sainte Marie /saint Marin :
C’est pour suivre son père qui désirait se retirer au couvent que la jeune Marine se déguisa par lui en moine, sous le nom de Marin.
Elle cacha son identité même après la mort de son père qui lui avait défendu de révéler son sexe. Alors accusée d’avoir séduit une jeune fille, on la chassa du couvent. On lui confia l’enfant qui lui est attribué, qu´elle éleva sous l´escalier du couvent. Plus tard elle fut réintégrée dans la communauté où elle est confinée dans les tâches les plus viles, elle n’est découverte qu’après sa mort, suscitant l’effroi, mais aussi la culpabilité de la communauté… Son enfant s´écrira : « Alors mon père c´était ma mère ! »
Elle assure à la fois la fonction de paternité (supposée) et de mère nourricière (assumée).

Sainte Eugénie / saint Eugène :
Eugénie s’est refusée au mariage et vit sous les habits d’Eugène en un monastère d’hommes où elle excelle tant qu’elle devient prévôt de l’église tout en accomplissant des miracles. Or une femme qu’elle a guérie s’éprend d’elle, et devant son refus, finit par l’accuser de violation. Présentée devant la justice païenne et jugée par son père, Eugénie est reconnue par lui, ce qui provoque une conversion générale, et entraîne son martyre et sa glorification.

Marguerite comme Eugénie, travesties, atteignent une situation élevée dans l’ordre du monastère, et deviennent sainte contrairement à la Papesse Jeanne qui succombât  au désire.

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Bernardino Luini : « Jésus parmi les Docteurs » puis sainte Catherine de Raphaël

Est-ce aussi l´AMON l´ISA ?

Remarquez sa main droite, qui marque le 3, essentiel masculin mais dont seuls deux doigts sont plus visibles.
Par contre avec le doigt de sa main gauche, formant un angle droit ( angler  - coder)
on dirait qu´il va soustraire, ce qui donne le 2, essentiel féminin.
Voyez également les deux doigts de saint Jean Baptiste sur le titre de la page.
C´est le signe de l´Androgyne sacré ! Repris par Raphaël pour sa Catherine.

Le II renvoie à la papesse du Tarot.
La papesse comme Jean VIII, renvoie à la Justice du Tarot !

Ce sont les tableaux de Bernardino Luini qui dessinent les traits du visage de la Comtesse de Cagliostro,
amante et à la fois adversaire d'Arsène Lupin dans les livres de Maurice Leblanc.( Info Al Sufi )

Voir les tableaux de Luini cités par Lupin

     

 Trois Luini : deux Marie Madeleine et une Salomé centrale tenant une tête de Jean Baptiste bien masculine, dont les traits rappellent Jésus ?

Triade féminine de Luini  formée par sainte Catherine, et sainte Barbe avec roue sur le col, entourant Marie et son Enfant
Remarquez la diadème de Barbara, qui rappelle celle de la Dame aux bergers du fameux tableau de Nicolas Poussin

Sainte Thècle et saint Paul (IIº s.)  la première est patronne deTarragone où nous avons un joli exemple de Jean versus Marie Madeleine à Santes Creus.
On l´a qualifiée de première martyre et d’égale aux apôtres .( Actes de Paul et Thècle, apocryphe)
Après avoir entendu l’apôtre Paul prêcher sur la chasteté et la résurrection, elle rompt ses fiançailles et contre la volonté de sa mère, elle se convertit.
Elle rejoint Paul à Antioche. Son fiancé jaloux dénonça Paul de sorcellerie ce qui lui valu la prison. Thècle vendit ses bijoux et paya ainsi la libération de l´apôtre. Pour s´être refuser à un magistrat, et l´avoir frappé en public elle sera condamnée à être dévorée nue par les bêtes ; une lionne la défendit, elle en profita alors pour se baptiser elle-même, puis une nuée de feu l’enveloppa la dérobant à la férocité des bêtes sauvages, rendues finalement impuissantes par les femmes du public qui les endorment de leurs parfums. Puis, travestie en homme, elle rejoint finalement Paul, qui lui accorde alors de prêcher le christianisme.
 
Une autre version veut qu´elle soit menacée de viol par des médecins jaloux des pouvoirs thaumaturges qu’elle exerce en ascète dans une grotte de Séleucie. Face à cette menace, elle disparaît à jamais dans la terre par une fissure de la roche, laissant juste derrière elle un morceau déchiré de son maphorion, voile qui prendra valeur de relique.

Un autre des supplices auquel elle échappera également c´est d´être écartelée par 4 taureaux, animaux solaires, elle se sauvera par le feu.

Le vêtement est un moyen pour échapper aux innombrables dangers, dont l’agression sexuelle, mais ici ce travestisme vas plus loin .

Remarquons plusieurs temps dans le récit qui amènent au travestissement final dans l’histoire de Thècle. Thècle propose de se couper les cheveux quand elle demande à être baptisée par Paul pour le suivre mais ce dernier refuse, alléguant les dangers de la tentation si elle le suivait en voyage, comme il assure qu’elle recevra le baptême à temps. Après s’être baptisée elle-même, elle revêt les vêtements masculins. Paul, la voyant au milieu de jeunes gens des deux sexes, croit encore à la tentation, mais elle le rassure en lui disant qu’elle est déjà baptisée. La peur du péché comme la rémission dans le baptême articulent donc la séquence du changement d’habits.

Paul lui donne son autorisation par d’aller prêcher en tant que femme, tout du moins.
Les femmes voulurent jouir comme Thècle du droit de baptiser. Tertullien, en tête, leur dit qu´elles ne peuvent en aucun cas enseigner, et ne peuvent s’instruire qu’avec restriction.

Ainsi Thècle resta un modèle pour les vierges comme pour les anachorètes.


Thècle s’enfonce vivante sous terre, et, selon les versions, disparaît sans relique, ou bien laisse un voile pétrifié derrière elle.
La version de Tarragone est quelque peu différente :

Apres avoir subit maintes tortures sans aucun succès, Thècle se retire dans une grotte, mais ses ennemis envoient des soldats pour la violenter. Alors étant en prière, la grotte s´effondra  laissant un seul bras de la femme dehors. Ce bras se trouverait à la cathédrale de Tarragone.

  

Boltraffio, Sainte Barbe : Porteuse du Graal comme Jean avec la tour si associée à Madeleine
Saint Jean par Juan de Juanes : Qui différentie pourtant bien les hommes des femmes. Le livre est tenu inversé.


Sainte Pélagie : de pelagos, haute-mer.Ce qui rappelle Venus !

Sainte Pélagie figure dans la Légende dorée du XIIIe siècle. Pélagie représente au départ la féminité charnelle poussée à l’extrême, comme la populaire Marie l’Égyptienne. Pélagie mène une existence dissolue dans sa ville d’Antioche.
Jacques de Voragine, ajoute en contrepartie qu’elle finit par se plonger en une mer de larmes et par se laver en conséquence dans le fleuve du baptême.

« Ne t’ai-je pas ornée de toutes sortes de richesses et de gloire ? », lui dit le diable. Cette tentation provoque sa fuite d’Antioche, après avoir abandonné ses apparences féminines,pour le Mont des Oliviers.

Elle trouve la ressemblance avec Dieu dans un renversement des apparences (masculin / féminin) par la pénitence, qui met à l’épreuve le corps physique
Lorsqu’elle dépose la robe de baptême, elle revêt, selon les versions, un simple habit d’ermite, ou un manteau de poils et une tunique. Cet aspect velu virilise et repousse efficacement le diable. De plus, cette pilosité sauvage confirme le travail sur le corps physique de la sainte :

« Elle jouissait d’une réputation extraordinaire, et on l’appelait frère Pelage »..C’est donc sur une croyance populaire que repose la méconnaissance de son sexe,
,personne ne soupçonnant qu’il s’agissait d’une femme : « il suffisait qu’elle bénisse comme un homme pour être ainsi identifiée. »

Elle n’est ni martyre, ni suppliciée,
le miracle vient du fait même de sa féminité cachée, la sainteté de son parcours est alors complètement acquise. Ce qui lui vaut d’être ensevelie avec honneur. Mort comme seconde naissance : son corps spirituel échappe désormais au corps physique meurtri et dévoilé, transmué, au-dessus des genres, vers le hors-sexe.

« Gloire vous soit rendue à jamais de tant de richesses cachées que vous avez sur terre, non seulement dans les hommes, mais aussi dans les femmes »


Cette pénitente poilue ressemble fort à Marie Madeleine. Puisque de système pileux il est question…

Saint Wilgefortis, la femme barbue.

Saint Wilgefortis ou sainte
Wilgeforte, Vierge forte,Virgo fortis, vierge délivrée par Dieu (Liberata, Livrade), souffrant sur la croix et délivrant du chagrin (Kümmernis).
Ses autres noms sont
Comera; Cumerana; Dignefortis; Eutropia; Hulfe; Komina; Kummernis; Liberata; Librada; Lisvrade; Livrade; Ontcommene; Ontcommer; Ontkommena; Reginfledis; Uncumber et Virgo-Fortis.


 
Hans Memling
Sainte Wilgeforte et Marie Madeleine, triptyque fermé.

 
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Wilgeforte, fille d’un roi païen du Portugal, fait vœu de virginité et, lorsque son père veut la marier à l’envahisseur, roi de Sicile, pour avoir la paix, elle se refuse et prie que Dieu lui vienne en aide, ce qu’il fait en lui faisant pousser une barbe.
Conduite devant un tribunal et refusant de renier sa foi ou, selon les versions, accusée de sorcellerie, elle est condamnée à être crucifiée.

Dans d’autres légendes, en Bavière par exemple, Kümmernis est la fille d’un prince portugais qui conçoit envers elle une passion incestueuse. Affligée, elle demande au Christ de changer sa beauté en laideur. Son père, la voyant barbue, la fait crucifier pour qu’elle partage le sort de son céleste époux. Tout un ensemble de légendes circulent du Nord au Sud de l’Europe, qui ont une figure commune : celle qui est délivrée, qui a échappé au danger, qui souffre sans douleur et qui libère de tout chagrin ceux qui l’invoquent.

Elle est représentée, au XVIIIe siècle, barbue, crucifiée et couronnée, vêtue d’une grande robe avec perles et rubans, recouverte d’un manteau descendant jusqu’à terre et laissant dépasser un pied nu. Car un violiniste agenouillé joue tout près : le jeune homme implore sa pitié après avoir été faussement accusé du vol d’une pantoufle en or, c’est alors que la sainte laisse tomber la sienne et que le musicien est déclaré innocent.

Hans Memling l’a représenté au revers du Triptyque d’Adriaen Reyns (1480, Bruges, Hôpital Saint-Jean) bien accompagnée de sainte Marie Madeleine ! Voyez, le détail avec le lien, de son corset et de sa barbe.


On a souvent rapproché cette figure légendaire du crucifié byzantin vénéré à Lucques, connu sous le nom de Santo Volto, Saint Sauveur et Sainte Image, où le Christ barbu est revêtu d’une longue tunique serrée à la taille, représentation ancienne de Jésus qui depuis le Xe siècle n´a revêtu qu´un simple pagne.
Ne voyant plus le Christ torse nu, mais portant une longue robe, le peuple aurait pris cet homme crucifié pour une femme et aurait forgé la légende d’une sainte qui, pour éviter le mariage, s’était fait pousser une barbe. ( Lire :
Salvator Mundi de Léonard de Vinci )


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José de Ribera
La femme Barbue de l´hospital de Tavera à Tolède.

 

Mais une femme barbue est-ce si rare ? Le nom même de sainte Barbe ne fait-elle pas référence à cet attribut si masculin ? N´avions nous pas déjà fait un rapprochement entre Barbe et Madeleine ? A propos des tours Magdala.

Voyez ce magnifique Ribera, qui lui fut commandé par le roi en personne, pour rendre témoignage de la véracité du fait. Cette femme Magdalena Ventura,  ( est-ce une coïncidence ? ) alimente son petit, posant auprès de son second mari. Cette italienne, peu féminine par nature, vit sa barbe, bien touffue, pousser avec son quatrième enfants ! Bizarre, mais pas impossible, question d´hormones.

Donc revenons à notre Wilgeforte. Son prénom, Liberata, indique que le Ciel l’a débarrassée du mariage. Elle est d’ailleurs aussi appelée sainte Débarras.

Elle intercède entre les sexes grâce à sa double nature. Elle libère les accouchées, guérit le rachitisme, soulage les tristes et orne les chambres à coucher au-dessus du lit conjugal, tandis qu’elle protège de la stérilité. Hormones obligent !Son aspect barbu permet aussi d’expliquer les relations entre les sexes, quand elles se passent mal.

Une autre traduction, très courante de Wilgefortis est Sainte Face, se qui rappelle la Veronica, Vrai Icône donc Santo Volto. Le Christ est la Véronique et Véronique est, celle qui fixe l’Autre, le Barbu. Sa fête est le 4 février, le jour antérieur à Sainte Agate, voir plus bas.

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Sainte Wilgeforte - Le Santo Volto de Manoppello - Santo Volto de Lucca ( Lucques) avec calice sous le pied droit seul sans chaussure.


Sainte Galla : Les médecins menacent cette veuve riche et belle, convoitée par tous les partis, d’éruption de barbe, si elle ne se marie pas. Et c´est ce qui arriva !
L’altération de l’identité sexuée permet d’entrer dans le face à face avec Dieu.

Sainte Paula : Pour échapper au pouvoir de séduction de sa beauté, Paula s´enlaidit, affirmant ainsi son choix de vie en-dehors du mariage, pour celle de l´ exercice de piété.S ’agit-il de se défigurer pour pouvoir contempler Dieu ?


 
 
Bernardino Luini : sainte Agathe puis sainte Catherine

 

Sainte Agathe ou la féminité castrée :
Pour sa fête le 5 Février, en plein carnaval, les femmes adoptent des vêtements et des attributs masculins.  Avec ses seins mutilés c´est la patronne du travestisme et des jeux agonistiques.
Elle patronne également des nourrices, mais aussi des fondeurs de cloches, et elle protège des éruptions volcaniques comme des incendies. Ce qui rappelle Sainte Barbe aux seins et gorges tranchés qui protège de la foudre.

Sainte Agathe( Agueda ) et Sainte Marie Madeleine à Zamarramala ,Segovia .
En 1227
les arabes occupèrent l'Alcazar de Segovia, la mission des femmes de Zamarramala, fut de distraire les maures par leurs danses tandis que les hommes reconquéraient la forteresse. Quand la ruse fut démasquée, le Sarasin fit couper les seins de la présidente féminine. Emulant ainsi le martyre de sainte Agueda. Depuis lors les femmes sont les gardiennes de la forteresse segoviene, percevant à cette fin une somme. Ce droit fut aboli au XIXºs.

Depuis lors on fête cette sainte le 5 février. Pour cela tout homme qui entre dans le village doit payer ce droit. Ce sont les mairesses qui commandent. Apres la messe on remet le  'Matahombre de oro' (tue-homme d'or), pour se protéger du harcèlement des hommes et on brûle le « Pelele »( Homme stupide) sorte d´épouvantail empaillé.
C´est la patronne des femmes mariés, veuves et des nurses.

Les deux mairesses portent un chapeaux avec 12 boutons, les 12 apôtres.
Zamarramala est une petite ville à quelques kilomètres de Segovia, qui a une très belle vue sur l´Alcazar. Son église la
Vera Cruz  se trouvant au pied de la forteresse, donc trop loin du village pour assister rapidement à la messe, on fit construite une nouvelle église au cœur de Zamarramala, dédiée à sainte Marie Madeleine. Pour la semaine Sainte, à 2 h du matin du Samedi, ces deux églises sont reliées par deux processions l´une sortant de la Vera Cruz avec le Christ Mort porté par le Chevaliers de Malte et l´autre sortant du village même avec Marie Madeleine, en douleurs, portée par les femmes.



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Le Bosco : triptyque crucifixion de St Julia qui ne serait autre que Ste Liberata ( Venise)

 

Sainte Wilgeforte de l'église Saint-Etienne, à Beauvais, Oise
  « Un moine lui a "rasé" la barbe. En fait, il la repeinte couleur chair, mais ça lui fait un grand menton »
Photos : Victor Mortis

Nous avons vu Marie Madeleine prendre, plus souvent que l´on croyait, la place qui traditionnellement est celle de Jean. Quand Madeleine est attablée, Jean disparaît emportant avec lui le calice ou Graal .
Mais pas toujours, si l´artiste veut démontrer que la Femme prend part à la Communion

L´histoire de poison laissant à désirer, c´est avec ce Calice, comme caducée que Jean est dépeint.
 
Quand elle apparaît en tant que Marie Madeleine, les jalousies se font autour d´elle, celle de sa sœur Marthe, de Pierre, de Judas etc.…
Mais, après avoir vu toutes ces saintes travesties, pourquoi ne pas penser que Marie Madeleine pourrait être ce Jean, le Vierge ?

En tant que Jean, il assiste aux tortures de la Passion, Madeleine n´apparaît qu´au moment plus sensible celui de la mort.
N´est-ce pas aux femmes de pleurer tout en lavant le cadavre de ses êtres bien aimée ?

Il y a longtemps que nous avons compris qu´habiller en homme tout est plus facile, pour une femme.
George Sand en est une preuve bien connue.

Déguisée en homme, il est plus facile de fuir. Prêcher du spirituel, plus accepté.
Enfin une certaine liberté née, accompagnée d´une délivrance du désir charnelle qu´elle éveillerait chez les hommes.

Au Moyen-Ages les femmes, afin d´éviter un mariage prenaient le voile à la maison. Pour certaines ce n´était qu´une libération sexuelle, et elles étaient alors appelées Coiffeuses. Cette profession devint à cette époque synonyme de pute. Ce qui rappelle Marie Madeleine peignant sa longue chevelure.
Mais cette chevelure lui sert à se tresser un système pileux afin de d´éloigner les regards désireux de son corps plus que de son esprit. C´est son Voile, sa robe de Lumière !



« La chevelure [de la femme ] a été donnée en guise de voile »
 (Paul, I, Cor., XI)


Et puisque autant en étudient la trajectoire de la Légende du Graal, comme l´Histoire elle même, nous savons que le rôle de la femme, dû au pécher d´Eve qui lui donne la Science , contradictoirement, c´est vu limiter socialement. Et que seulement de nos jours quand nous avons substitué les robes par des pantalons, nous marchons vers une espèce d´égalité, si chantée par les Droits de l´Homme et du Citoyen, mais hélas pas toujours appliquée.

Sainte Liberata patronne des sages femmes

 

 « Pour autant qu’une femme accepte de concevoir et de procréer, elle est aussi différente de l’homme que le corps l’est de l’âme.
Mais qu’elle serve le Christ plus que le monde, alors elle cessera d’être une femme et sera appelée un homme 
»
Saint Jérôme




 Donc … Jean et Marie Madeleine  ou  Marie Madeleine est Jean ?

Calice et Graal !