Par ce Signe tu le Reconnaîtras !
Ou le langage des mains(3)
Du Portrait Chez Van Dyck


 Détails du haut des battants de la porte de l´ermitage St Antoine de L´Alcudia ( Valence / Espagne )



Quand un Peintre en Dessine un Autre



 « Celui qui, une fois entré en solitude, y reste, est délivré de trois ennemis. l’ouïe, le parler et la vue :

il ne lui en reste plus qu'un à combattre : c'est son cœur. »

 Paroles attribuées à saint Antoine par Jacques de la Voragine.



Il semble que Van Dick « fourche » les mains des courtisans et courtisanes, proches du Roi :
 il faut alors voir s´il s´agit de la main droite, celle qui donne ou de la gauche celle qui reçoit.

Ainsi Lord Wharton  ( page II ) reçut beaucoup de Charles I jusqu´à ses 19 ans alors que Lord Stuart s´adonna à la couronne.
 A cela s´ajoute une histoire d´amour fidèle…

Les Gestes de Sir William Killigrew et sa femme


 


 Sir William Killigrew  1638…politicien -
Mary Hill, Lady Killigrew, 1638

I ... doe desire nothinge in this world more then to have my Wife live [with] me'

« Je ne désire rien d´autre en ce monde que d´avoir ma femme auprès de moi »

Sir William Killigrew 1655

Lui donne, elle, elle reçoit et lui donne des enfants.


Secrets entre Deux Sœurs

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Les sœurs Essex Comtesse de Manchester et Anne dame de Rich  1640.

Deux sœurs sur ce portrait : celle en rouge est déjà mariée, elle offre des roses ( conseils d´amour ) à sa sœur,
 vêtue d´un blanc virginale entouré de bleu, couleur de Marie.

 Celle-ci les reçoit et les donnera à son tour,  puisqu´elle est à point de se marier.

Mais que ce passe-t-il quand Van Dyck dessine ses amis ?

Ceux de ses amis : Frans Snyders et sa femme


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Double portrait du peintre Frans Snyders et sa femme 1621

Les mains jointes sont  un signe de fidélité matrimoniale et l'affection mutuelle.
La main de l´artiste sur le cœur revient dans l´œuvre de Van Dyck, nous allons voir d´autres exemples. Ici sa droite :
Il reçoit l´inspiration de sa femme à qui il donne son cœur.



Digby ou la Négation de la Mort


Kenelm  était un ami intime de Anton Van Dyck, au point que le peintre perdit une assez grosse somme d´argent au financement des recherches alchimiques de Digby.
Un curieux personnage en réalité, digne d´un roman.

 

Comme Van Dyck il tomba épris d´une jeune, Venetia, fille de sir Edward Stanley de Tonge, à qui il jura une éternelle fidélité. Sa mère, contraire à cette liaison, le fit voyager sur le continent. A Angers, il fut, ou se crut en butte aux avances galantes de Marie de Médicis, et s'enfuit. Il passa deux ans à Florence et à Madrid, où il se rendit agréable au prince de Galles, le futur Charles I. Juste trois ans plus tard il retourne dans son pays avec Charles.

Venetia le croyant mort, s'était, dit-on, fort bien consolée de son absence. Digby l'épousa cependant.

 
Sir Kenelm Digby


A la cour il se lia avec les gens de lettres et l'aristocratie; Edward Hyde, Ben Jonson entre autres.


En 1627, il partit dans la Méditerranée, avec deux corsaires.
Il fouilla Milo et Délos, en quête d'antiquités.


En 1633, lady Digby mourut. On raconta qu'il l'avait tuée en la forçant à boire une certaine boisson contenant de venin de vipère, pour conserver sa beauté. II manifesta cependant une pompeuse douleur; tous les versificateurs du temps embouchèrent la trompette en l'honneur de la défunte, et Digby se retira à Gresham College, où il passa deux ans, habillé comme un ermite, à faire des expériences d'alchimie.

 

Il se lia d’amitié avec Descartes qu’il avait même engagé à chercher un moyen de prolonger indéfiniment la vie.  René Descartes était membre de la société savante : « Accademia Clementina », plus tard nommée  Accademia dell'Arcadia », "Académie des Arcadiens" ou d' ARCADIA


L'astrologie et l'alchimie séduisirent par-dessus tout cette intelligence vive et vagabonde. Il passa pour l'inventeur de la fameuse « poudre de sympathie » , qui n’est autre qu’une préparation de vitriol pulvérisé et calciné qui devait agir, même à distance, sur les plaies et les blessures, qu'il préconisa comme panacée dans des conférences faites à Montpellier, en 1658. En philosophie, c'est un aristotélicien encore imbu de scolastique. Après la restauration, il fut bien accueilli à la cour, pourtant on le croyait espion, c´est alors qu´il devient botanique. Est-ce pour ceci que Dyck le peint avec un tournesol ? Anthony était déjà décédé à cette époque ! Nous retrouverons ce tournesol  plus tard sur un autoportrait de l´artiste contenant le symbolisme de cette fleur.

Quoi qu´il en soit, car ce n´est qu´un court résumé de ce que fut la vie de cet homme, il était fou amoureux de sa femme, qui fut victime de ses expériences.
Un motif tout à fait touchant l'anima dans ses travaux chimiques ; il désirait préserver de la mort sa femme Venetia Anastasia, fille d'Edward Stanley, célèbre par son étonnante beauté. Afin de préserver les charmes de Vénétia, il inventa un grand nombre de cosmétiques.


A sa mort il manda chercher Van Dyck pour faire son portrait posthume. La dame semble dormir paisiblement, une rose effleurée sur les draps.



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On pense que ce portrait allégorique par Van Dyck ait été peint comme un hommage posthume à Lady Digby, que l'on montre comme la Prudence, en piétinant l'Amour profane et en repoussant la Tromperie hypocrite. Ses colombes et le serpent qu'elle tient font allusion à saint Matthieu : « Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. »

Pour le portrait de son ami, Van Dyck le représente en philosophe, il vient juste de perdre sa femme et cela se sent sur son visage. Ce qui ressort surtout c´est cette main « rayonnante » sur la poitrine. Démonstration de son affliction ? Pas tout à fait car voyons à présent maître Rubens sous le pinceau de Van Dyck.

10.17

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Rubens par Dyck et vice et versa


Van Dyck étudiera chez Hendrik Van Balen avant d'être reçu maître, en 1618, dans la corporation de Saint-Luc d'Anvers. Alors âgé de 13 ans, il fréquentera Jordaens dans l'atelier de Rubens. Il passe les deux années suivantes dans l'atelier de Rubens et devient l'un de ses plus brillants élèves. A 16 ans il a déjà son propre atelier.

 

 
Rubens par van Dyck

 

Comparez les deux portraits que fait Van Dyck à son maître Rubens. La mains sur la poitrine est plus ouverte et « compassée », sur le second, où Rubens semble plus âgé, tant, qu´elle semble soutenir quelque chose : un espèce de lièvre ? Main droite sur le cœur, bras gauche sur une pierre carrée, pilier au dos. Son métier semble lui donner vie.

 

En 1620, Van Dyck part pour l'Italie rejoindre sa protectrice, la comtesse d'Arundel ; il y vit jusqu'en 1626, séjournant principalement à Gênes, mais aussi à Florence, à Venise, à Palerme et à Rome, où il étudie Annibal Carrache et le Guerchin.

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Van Dyck et Rubens par Dyck


Toujours la main droite nourrissant le cœur


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Au Centre le peintre Marten Pepyn par Dyck

 

 

Ses Mécènes

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Portrait de Thomas Howard et de sa femme Alathea Talbot.


Sir Thomas était un collectionneur d´art assoiffé de l´histoire de la Grèce antique. Il fut l'un des premiers à collectionner les monuments antiques. Il envoya William Petty à cet effet dans le Levant. Celui-ci découvrit dans l'île de Paros les célèbres marbres connus sous le nom de Chronique de Paros ou Marbres d'Arundel, et les apporta en Angleterre en 1627.

Sa femme Blanche partageait les goûts de son mari. Quand la guerre civile éclata, pendant qu´Arundel se hâtait de transporter ses richesses à Anvers, Blanche, en revanche, se révéla une extraordinaire guerrière : avec 25 hommes, elle défendit, pendant neuf jours, le château de Wardour assiégé par 13 000 soldats du Parlement.

Van Dyck nous les présente comme des rois, portant l´hermine sur cape écarlate. Lui en armure, et collier de chevalier de la Jarretière, elle de blanc pur tenant un compas, entres ses doigts « compassés ». Son mari s´occupe des recherches mondiales, elle l´aide.

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Sir Endymion Porter et Van Dyck, tous deux font le geste.

Sir Porter était l´ami et l´assesseur de Charles I. Marié à Oliva Boteler, nièce de George Villiers fameux Duc de Buckingham.

Ce magnifique collectionneur d´art était l´ami de Rubens, Van Dyck, Daniël Mijtens et bien d'autres peintres.
Il a contribué à l'approvisionnement de tableaux pour d´Arundel et pour le Roi.


Porter prend ce que l´artiste donne, son œuvre ( main gantée, travail voilé )  dictée par son cœur.
Les mains des deux personnages sont posées sur un
lévrier symbole de fidélité.

Un Tombeau en Arcadie ?
 

 
Sir Endymion Porter par William Dobson en 1642

Robert Spencer et le TOMBEAU D´ARCADIE par Carlo Maratta en 1641

Marratta se meut dans le même milieu romain que Nicolas Poussin.

 

 

Après Van Dyck, Porter est aussi représenté avec la main gauche “compassée” après une chasse au lièvre.
Son bras « anglé » repose sur une pierre taillée, sculptée…un tombeau ? Comme le fait Robert Spenser en habits d´ARCADIEN !




 
Trompe-l’œil inspiré du portrait que fut Rubens de Van Dyck


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