LES BERGERS D´ARKHO
ou
LES MONOGRAMMES : CHRISME et IHS

SIXIEME PARTIE : LES NOMS DE JESUS- CHRIST


L´Essence de Dieu est semblable à une Roue…
Plus on la contemple, plus on comprend sa forme
et plus on la comprend, plus on y trouve de bonheur..


J. Boehme


EN ORIENT :  Le monogramme plus employé par l´église d´orient se compose de quatre lettres : IC XC. Il s´agit d´un acronyme du nom de Jésus Christ en grec ΙΗΣΟΥΣ ΧΡΙΣΤΟΣ  écrit IHCOYC ou le sigma se transforme en C. Ce monogramme divise les lettres deux par deux, soit IC à gauche de l´icône ou de la croix et à droite XC, avec un tilde au dessus , indicatif de divinité.


                         


                        



ICXC
ressemble à , ΙΧΘΥΣ ou  ΙΧΘΥC, le poisson que nous avons rencontré quelques chapitres plus loin. Ce symbole chrétien qui accompagne l´abbé Boudet dans son repos éternel.





Stèle  funéraire avec l'inscription ΙΧΘΥC ΖΩΝΤΩΝ soit "les poissons de la vie", du début 3ème siècle, au Musée National Romain

 

Cet acronyme est souvent accompagné du mot NIKA vainqueur, indiquant le Jésus Pantocrator.  Ce Pantocrator dont les doigts, en signe de bénédiction forment les lettres IC, X et C. UNE AUTRE PREUVE DE L´IMPORTANCE DU LANGAGE DES MAINS !


                         



EN OCCIDENT :
Depuis le Moyen-Age le monogramme plus populaire est IHS / JHS  ou IHC / JHC  dérivé des trois premières lettres du nom grec de Jésus , c´est à dite Iota,  eta et sigma , soit ΙΗΣ.

IHS est interprété comme Jesus Hominum Salvator , Jésus Homme Sauveur faisant allusion aux deux natures du Christ, comme sur le chrisme de Jaca, vu antérieurement , mais aussi pour éviter les malentendus, on traduit par Jésus Sauveur d´Hommes.

IHS est aussi en relation avec le fameux IN HOC SIGNO….où la victoire est sous-entendue

 

D´autres interprétations sont possibles si on prend ces initiales dans un contexte religieux, ainsi en anglais on peut aussi lire : "I Have Suffered” ou "In His Service"; J´ai souffert / A ton service.

Ce monogramme est parfois considéré  comme une rémanence païenne, comme l´affirma  Jack Chick, il s'agirait des initiales des trois dieux égyptiens, Isis, Horus et Seth. Au chapitre dédié au Poisson Ichthus, nous avons rencontré Ishtar, qui régissait la vie et la mort . Dans son nom nous retrouvons les trois premières lettres ISH. Si nous considérons que ce trio  se présente souvent de façon superposée et entrelacée. ..


  

Ishtar, sirène des temples chrétiens, médaille de la Vierge Marie.
Catacombes



Saint Bernardin par Ribera

Si l´on tient compte que ce signe IHS se retrouvait déjà dans les catacombes bien avant l´ère de Constantin…

Ce ne fut qu´au XVe siècle que les Franciscains encouragèrent la dévotion au nom de Jésus et utilisèrent à nouveau le monogramme IHS.

En particulier Saint Bernardin de Sienne (1380-1444), qui utilisait beaucoup le monogramme lors de sa prédication et montrait aux foules un tableau peint sur bois (conservé à Volterra) sur lequel le IHS figurait ,en lettres gothiques, au cœur d'un soleil.

Saint Bernardin mourut à L’Aquila ( Italie) et la basilique où repose son corps est un hymne au monogramme IHS.

C´est à Aquila que l´on retrouve le tombeau du pape CELESTIN V.

Les Jésuites l´ont surmonté d´une croix, symbolisant ainsi le triomphe du nom de Jésus.( La Compagnie de Jésus, littéralement, donna le nom de Jésuite ). Pourtant cette croix sur IHS existait déjà dans les catacombes.

L'Église protestante de Genève utilise ce monogramme comme emblème, mais sous sa forme grecque : Ι Η Σ

 

Il est aussi bien des fois accompagné par le Sacré Cœur


Sceau jésuite sur le fronton de l'église St Ignace, à Rome


Ce IHS décore les hosties de la communion

 


 

 Certaines régions conservent encore le nom de Jésus gravé, sous la forme de Sauveur, IHS, au dessus des portes des maisons. Il servait d´amulette protectrice, au même titre que le parchemin sur lequel figurait le Tétragramme , gardé lui dans une niche au dessus des entrées des logis juifs, comme on peut les voir encore à Gérone. Je me rappelle du Sacré Cœur visé sur le battant des portes  durant le régime du caudillo, défaite oblige !

  

Olbia en Italie  et   Olbia en Italie

 

Olbia en Italie   et   Ahetze au Pays Basque



L´ALPHA ET L´OMEGA

La tradition chrétienne assimile souvent Jésus-Christ à l'alpha et l'oméga, du nom de la première et de la dernière lettre de l'alphabet grec classique  dit ionique (α et ω). Cela symbolise l'éternité du Christ.

Par contre le  jésuite, Pierre Teilhard de Chardin a repris, dans sa présentation du point ω, cette métaphore. W serait pour lui le  but final de l'évolution humaine, associé à l'α de la Création.

Mais est-ce une idée si innovatrice ?

Car si on regarde certains mosaïques byzantins comme celui de gauche : Alpha ressemble à une équerre, tenant un fil de plomb, l´oméga est une rouX, à 6 comme le chrisme XP et entre les deux symboles un crâne ( voir l´étude de ce dernier symbole à propos de Marie madeleine )

D´autre part nous nous apercevons que sur les Pantocrators comme celui de Uncastillo , le Christ lève toujours sa main droite, côté A ( création divine ) alors que de sa gauche il tient l´Apocalypse, côté W, la Fin !


         

Chrisme avec l´A et W et inscriptions coptes
Accompagnés de la clef Anck, de la vie éternelle

Tout ceci rappelle bien entendu les inscriptions du chrisme de Jaca, allusives à une seconde mort, évitable celle-ci. L´association à l´Apocalypse n´est pas étonnante car :

A part le livre d´Isaïe 44.6 où on peut lire  ...Je suis le premier et je suis le dernier, et hors moi il n'y a point de Dieu.

A et W renvient à l´Apocalypse 1.8 Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout Puissant.
Mais aussi toujours dans les Révélations de Jean 21.6 Et il me dit: C'est fait ! Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement.
Enfin au chapitre 22.13 Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.

 

Conclusion : comme d´habitude l´église s´est servie de symboles plus ancestraux , mais faut-il s´en étonner ? Car le dieu qu´ elle défend  reprend l´essence de ceux qui le précédèrent et ainsi en se combinant au paganisme elle facilita la conversion. Ce fut le cas de Constantin, adepte du Sol Invictus, ou Soleil Invincible , divinité solaire apparue dans l'Empire romain au IIIe siècle. Elle reprend des aspects de la mythologie d'Apollon et du culte de Mithra et connaît une grande popularité dans l'armée romaine.



Bonnet phrygien à San Juan de la Penya, Aragon

Constantin n´est pas le premier empereur romain monothéiste, bien avant sa naissance l'empereur Aurélien (270-275) assura une place officielle à ce dieu et proclama que le Soleil Invaincu sera le patron principal de l’Empire romain et fit du 25 décembre , jour suivant le solstice d'hiver, la fête officielle de la nativité divine.

Son temple, sur le Champ de Mars fut servi par un nouveau collège de prêtres, les pontifices Solis.

La religion chrétienne récupéra ensuite ce culte et l'absorba en faisant du 25 décembre la fête de Noël.

Aurélien entendait  refaire l'unité morale de l'Empire autour de Soleil. De même qu'on attribue au Soleil des fonctions de gouvernement du Cosmos conçues à l'image du souverain terrestre,
l'empereur devient le protégé de l'astre majeur à la fois dispensateur de vie et garant de la création.

 

Nous avons vu plusieurs exemples , ceux de Constantin, Pélage, Alphonse II, le long de ces chapitres.


Bonnet phrygien du Sol Invicto


 

Il est toujours bon pour encourager et élever la morale des armées  de faire croire par n´importe quel moyen que le(s) Dieu (x) les protège. Ce qui revient à dire que la « vérité » ( toujours relative en vérité )  fait pencher la balance de la Justice divine du « bon côté », toujours, bien entendu celui des vainqueurs. L´histoire n´est-elle pas écrite par eux ? Une légende manipulatrice justifie-t-elle le sang versé ? ou n´est-ce qu´une manipulation légendaire ?

Quelle différence il y-a-t-il entre commencer le combat au cri de « Par Toutatis ! » ou s´exclamer «  Par le Christ tu Vaincras ! » ? Aucune tout dépend de l´époque et du résultat final.

Mais si le symbolisme du chrisme s´en tenait qu´à ça, ce ne serait pas très intéressant…. Alors ? Pour avoir une réponse beaucoup plus alléchante et éclairante il nous faut regarder vers le début de  l´empire romain, bien avant la naissance de Jésus Christ, aller vers l´Académie d´Apollognie , puis revenir à Lugo, là est la Réponse !






SUIVRE : CHRISMES D´AVANT LE CHRIST